Instruisez les Apprentis… avant qu’ils ne deviennent des Maîtres incultes

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Le Pavé Mosaïque


Il y a environ 7000 ans, les civilisations orientales représentaient la Terre comme un carré. Pour les prêtres égyptiens, cet espace en forme de carré long symbolisait la création primitive d'un monde manifesté (la Terre), sur lequel régnaient les Dieux. Je connais des Frères et quelques Sœurs qui ne supportent pas le Pavé Mosaïque. Ils affirment qu’il est trop restrictif, trop carré, trop ceci ou pas assez cela. Certains vont même jusqu’à oser le comparer à la relation entre les humains blancs et noirs. Pour ma part, je le trouve fort utile en tant que Symbole. A l’instar de René Guénon[1], nous entendons souvent lors de Planches au premier degré que notre Pavé est le petit cousin du Symbole rond du Tao. Je serais nettement plus prudent quant à un tel raccourci. Si la similitude des principes Masculin/Féminin et Yang/Yin est évidente, le Tao est porteur d’une idéologie et d’un principe cosmogonique nettement plus complexe que notre petit Pavé.

Comprenons-nous bien, il ne faut surtout pas limiter notre perception dalles blanches versus dalles noires. Il faut y voir le principe du « ordo ab chaos ». L’ordre vient toujours après le chaos et notre Pavé est une représentation de cet ordre imposé par les forces créatrices de l’Univers. Cet ordre horizontal qui est à mettre en relation avec son pendant céleste.

Approchons-nous du Pavé et voyons aussi les microparticules de noir qui existent à l’infini dans les dalles blanches et les microparticules de blanc qui existent dans les dalles noires. Nous avons donc une interpénétration des deux couleurs qui s’enchevêtrent sans pouvoir s’unir afin de conserver leur symbolisme dual. Un blanc et un noir qui se mélangent, cela donne du gris. Or là, elles conservent leur intégrité. Elles semblent s’opposer, alors qu’en réalité elles se complètent. Retirez la Lune qui se trouve à l’Orient et l’existence du Soleil du côté de l’Orateur devient désuète. Supprimez la Canne et la seule présence de l’Épée, durant l’incantation du Vénérable Maître, devient ridicule. Soustrayez la vraie Obscurité et la Lumière devient immédiatement insupportable à l’œil humain. L’un et l’autre sont donc indissociables. Une femme qui ne porterait pas en elle sa part de masculin ne serait pas une femme complète. Il en est de même pour l’homme.

La complémentarité associative est donc le maître mot qui caractérise la relation entre le noir et le blanc du Pavé Mosaïque. Je vous invite maintenant à regarder tout ce que nous offre la Loge comme dualité complémentaire, car tout est ainsi dans notre athanor maçonnique.

Notre colonne du Septentrion possède en face sa colonne du Midi. Les Apprentis ont face à eux leurs Compagnons. Pour la petite histoire, n’oublions pas qu’au début de la Franc-maçonnerie et ce jusqu’à la moitié du 18ème siècle, le grade de Maître n’existait pas. Le Maître était le nom du dirigeant la Loge, comme sur le chantier.

Observons les Colonnes J et B, elles sont au nombre de deux et se font face.

Arrêtons-nous un instant sur la puissance symbolique extraordinaire des 2 Colonnes[2] qui ornent l'entrée de la Loge.

Commençons par revenir sur la partie finale de votre cérémonie d'initiation, au moment où vous êtes invité à vous asseoir à l'angle Nord-Est de la Loge, par le Maître en Chaire. Vous vous remettez de vos émotions, vous commencez alors à observer les éléments qui ornent la Loge. Un symbole vous saute immédiatement aux yeux, il est constitué de 2 colonnes qui encadrent la porte de la Loge. Bien qu'imposantes, vous réalisez vite qu'elles n'ont aucune utilité de portage au sein du bâtiment !

Vous apprenez qu'elles représentent les deux colonnes qui ornaient l'entrée[3] du Temple de Salomon, allégorie majeure de la Franc-maçonnerie. La Tradition veut qu'elles aient été construites par Hiram Abif, Maître-architecte du Temple, sachant travailler l’or, l’argent, le bronze et le fer. Après, avoir installé une fonderie dans la vallée du Jourdain, il moula les deux colonnes d'airain. Au Rite Français, il est dit qu'elles étaient hautes de 18 coudées. Elles avaient une circonférence de douze coudées et une épaisseur de 4 doigts. Des feuilles d'Acanthe ornaient leur chapiteau et ceux-ci étaient surmontés de Grenades sans nombre.

Elles marquaient la limite entre le monde profane de l'intérieur du Temple[4] (porche, sanctuaire et le Saint des Saints). Comme pour la Franc-maçonnerie, les Colonnes marquaient la limite entre le monde connu et le monde sacré.

En rentrant en Loge, passer entre les deux Colonnes n'est pas seulement passer du monde des métaux à celui du Rituel. Les Colonnes agissent comme un « portail conduisant aux Mystères ». En passant entre elles, l'initié de découvre celui qui se trouve à l'intérieur du Temple. C’est-à-dire, lui-même. Un être vrai, dépouillé de tout artifice social. Ces 2 Colonnes nous incitent à révéler notre vraie nature...

Lisez la suite et terminez votre instruction : Suite dans le manuel 

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[1] Egalement connu sous le nom d’Abd al-Wâhid Yahyâ, né le 15/11/1886 à Blois - mort le 7/01/1951 au Caire. Auteur français d'ouvrages métaphysiques et d'ésotérisme... et bien entendu de Franc-maçonnerie (Études sur la Franc-maçonnerie et le Compagnonnage…)

[2] Le nom des deux Colonnes n'est volontairement pas donné compte tenu qu'elles sont inversées selon que l'on pratique un rituel des Modernes ou un des Anciens.

[3] Hiram Abif aurait dressé les deux colonnes devant le temple de Salomon ; en avant donc de la Maison de Dieu, le Saint des Saints, et son vestibule ; soit devant l’édifice, sur le parvis du temple, et non comme on le veut souvent «dans» le vestibule » ou «sous» un porche quelconque.

[4] Deux descriptions détaillées du Temple de Salomon sont faites dans le premier livre des Rois (6-7) et dans le second livre des Chroniques (3-4).